La faïence de Strasbourg est une céramique de grande qualité qui a été fabriquée à Strasbourg et à Haguenau au XVIIIème siècle, les tables princières de toute l’Europe se fournirent dans cette prestigieuse faïencerie d’Alsace dont le rayonnement fut mondiale.
La faïence de Strasbourg a été produite sur trois générations de la famille Hannong, l’unique “dynastie” de faïenciers à Strasbourg, elle fut à la tête de la compagnie Strasbourg-Haguenau de 1721 à 1781 :
Charles-François Hannong, de nationalité hollandaise, est né à Maastricht vers 1669. Il épouse à Cologne Anne Nikke, fille d’un fabricant de pipes en terre. Il s’installe à Strasbourg en 1709 et ouvre une fabrique de pipes en terre. Parallèlement, en 1719, Henri Wachenfeld, un autre étranger et peintre céramiste, obtient l’autorisation de créer un four à faïence. Mais celui-ci s’écroule. Rapidement, Wachenfeld et Hannong s’associent : Charles-François construit ce nouveau four dans sa fabrique de pipes en terre et signe un contrat d’association en 1721 avec Wachenfeld.
La manufacture de faïence est donc née et produit de de la faïence décorée en camaïeu bleu à la façon de Rouen.
L’année d’après, Wachenfeld quitte Strasbourg pour créer une autre faïencerie à Durlach.
Hannong est donc le seul à fabriquer de la faïence à Strasbourg. Les affaires vont bien et en 1724 une autre fabrique est ouverte à Haguenau situé à 40 km au nord de Strasbourg.
La proximité de forêts et d’argile se prêtant mieux à la fabrication de faïence rendent la situation très rentable.
Parallèlement à la création de cette succursale, la fabrique de Strasbourg continue sa production.
Paul Hannong, son fils aîné prend la tête de la manufacture de Strasbourg en 1732 tandis que son frère Balthazar dirige celle de Haguenau. Balthazar vend sa fabrique à Paul en 1737 dans l’intention de racheter la faïencerie de Durlach mais sa tentative se solde d’un échec.
Désormais à la tête des deux manufactures, Paul expérimente la polychromie, ces essais relèvent désormais de l’appellation « technique mixte », utilisation de la technique de petit feu pour cuire des couleurs de grand feu.
La période 1745-1748 marque l’avènement de la véritable cuisson de petit feu avec l’utilisation du pourpre de Cassius obtenu à base de sels d’or. Les décors de fleurs naturelles et leur technique apparaissent vers cette époque, amenés d’Allemagne par les peintres de porcelaine de Saxe qui vinrent travailler à Strasbourg et parmi lesquels se trouvait “Frédéric de Loewenfïnck”, Il est ainsi le premier à utiliser la technique de petit feu sur faïence en France.
Son désir de produire de la porcelaine comme à Meissen dont il sera le premier français à en percer les secrets et à en produire dès 1751 va le conduire à en égaler la qualité du décor et à mettre sur le marché des faïences décorées de qualité exceptionnelle.
En raison de l’interdiction que lui est faite de continuer à produire de la porcelaine à cause du privilège royal détenu par la manufacture de Vincennes, il installe en 1755 une fabrique de porcelaine à Frankenthal dans le Palatinat.
Joseph Hannong, fils de Paul, hérite de Frankenthal en 1760 tandis que son frère cadetPierre Hannong prend la direction des manufactures de Strasbourg et Haguenau.
De nature instable, Pierre vend en 1761 le secret de la porcelaine à la manufacture de Sèvres, désavoué par sa famille qui le déshérite, il est contraint de vendre les manufactures que son frère Joseph Hannong s’empresse d’acheter en 1762 pour une somme très élevée, après s’être délesté de Frankenthal qu’il ne jugeait plus rentable suite à la divulgation du secret de la porcelaine par son frère.
A la tête de Strasbourg-Haguenau, Joseph conduit la qualité picturale des décors des manufactures à son apogée, cependant il contracte des dettes auprès du cardinal de Rohan en raison du prix élevé des manufactures mais aussi et surtout à cause de ses coûteuses recherches sur l’amélioration des pâtes de porcelaine dont la production est relancée en 1773, ces dettes qui vont lui être réclamées après la mort du cardinal vont le conduire à la faillite en 1781.
Le Musée du Pain d’épices sur Wikipédia expose plus de 300 pièces de service, pièces de forme et statuettes fabriquées par les manufacture de Strasbourg-Hagenau entre 1721 et 1781.